Programme pour reprendre le trail après une blessure

cyril

Reprendre le trail après une blessure, c’est bien plus qu’une simple remise en route : c’est reconstruire une base solide, regagner la confiance et éviter les rechutes qui gâchent les saisons. Vous vous demandez peut-être par où commencer, à quel rythme courir, quels exercices privilégier ou quand vous pourrez enfin retrouver le plaisir des longues sorties en pleine nature ? Vous êtes au bon endroit.

Dans cet article, vous découvrirez un guide structuré pour planifier votre reprise pas à pas, éviter les erreurs classiques et protéger votre corps à chaque étape. Vous apprendrez à adapter votre entraînement, à lire les signaux de votre corps, à intégrer des exercices clés de renforcement, et à reprendre sereinement les chemins escarpés. Revenir de blessure, ce n’est pas reculer, c’est avancer différemment. Votre prochain départ se prépare ici.

Évaluer sa capacité à reprendre : les prérequis indispensables

Et si vous étiez prêt à rechausser les baskets… mais que votre corps n’avait pas reçu le mémo ? Avant de foncer tête baissée dans les sentiers, posez-vous : êtes-vous réellement prêt·e à reprendre le trail ? Une vraie reprise commence hors des sentiers : sur un tapis, dans un cabinet médical ou même devant votre miroir. Certaines pathologies courantes chez les traileurs comme les tendinopathies d’Achille, le syndrome de l’essuie-glace, les périostites tibiales ou les fractures de fatigue doivent être totalement résolues avant d’envisager une reprise.

Pas de douleur au repos ? Capable de marcher 30 minutes sans boiter ? De faire 10 sauts sur une jambe sans grimacer ? Parfait, c’est déjà un bon début. Ajoutez à cela la validation d’un pro – médecin du sport ou kiné – et vous cochez les cases du feu vert.

Petit conseil de vieux briscard : testez votre genou avec le test de l’escabeau (non, ce n’est pas une blague). Et si en plus vous pouvez faire 20 pointes de pied sur une jambe, alors votre tendon d’Achille vous dit merci. Le trail vous attend… mais pas avant d’avoir coché tout ça !

Reprise progressive : construire une base solide sans brûler les étapes

Après une blessure, la tentation est grande de reprendre là où vous vous étiez arrêté. Pourtant, ignorer la progressivité serait une erreur. Le corps, lorsqu’il n’est plus sollicité, perd rapidement en capacités. En 3 à 4 semaines d’arrêt, on observe une baisse significative du VO2 max, de la force musculaire et de la stabilité articulaire. Vous n’êtes pas au même niveau qu’avant, et c’est normal.

La première étape consiste à miser sur des footings courts en endurance fondamentale, sur terrain plat. En pratique, cela signifie courir à une allure où la respiration reste fluide, une intensité correspondant à environ 65-75 % de la fréquence cardiaque maximale.

Je recommande vivement d’ajouter du dénivelé modéré à partir de la quatrième semaine, par tranches de 50 à 100 m D+, afin de réhabituer les muscles stabilisateurs (si bien sûr vous ne ressentez pas de douleur pendant votre entrainement). Une fois que vous aurez repris vos entraînements à 100 % de leur volume sans ressentir de douleurs, vous pourrez réintégrer les intensités et les séances spécifiques.

Programme fractionné reprise trail running
Semaine 15’M + 3x (1’C / 1’M) + 5’M
4x (1’C / 1’M)
5x (1’C / 1’M)
6x (1’C / 1’M)
7x (1’C / 1’M)
Semaine 28x (1’C / 1’M)
9x (1’C / 1’M)
10x (1’C / 1’M)
11x (1’C / 1’M)
12x (1’C / 1’M)
Semaine 313x (1’C / 1’M)
14x (1’C / 1’M)
15x (1’C / 1’M)
3x (2’C / 1’M)
4x (2’C / 1’M)
Semaine 45x (2’C / 1’M)
6x (2’C / 1’M)
7x (2’C / 1’M)
8x (2’C / 1’M)
9x (2’C / 1’M)
Semaine 510x (2’C / 1’M)
3x (3’C / 1’M)
4x (3’C / 1’M)
5x (3’C / 1’M)
6x (3’C / 1’M)
Semaine 67x (3’C / 1’M)
8x (3’C / 1’M)
2x (4’C / 1’M)
3x (4’C / 1’M)
4x (4’C / 1’M)
Semaine 75x (4’C / 1’M)
1x (9’C / 1’M)
2x (9’C / 1’M)
3x (9’C / 1’M)
Semaine 81x (14’C / 1’M)
2x (14’C / 1’M)
1x 20’C
1x 25’C
1x 30’C

Source : Clinique du coureur (M = Marche | C = Courir)

Selon les symptômes ressentis et votre niveau de confort, il est possible soit de reprendre l’entraînement précédent, soit de répéter la même séance, ou encore de sauter une à deux étapes si tout évolue favorablement.

Adapter son entraînement trail après une blessure : intensité, volume et terrain

Reprendre le trail, ce n’est pas seulement recourir, c’est apprendre à gérer l’intensité, le volume et les spécificités du terrain.

  • L’un des premiers pièges consiste à vouloir réintroduire trop tôt des séances de haute intensité. Une séance de type VMA, même courte, génère des contraintes mécaniques importantes. Il est préférable d’attendre au moins 3 semaines de reprise progressive avant de réintégrer ce type d’effort.
  • Sur le plan du volume, un principe essentiel doit guider vos choix : ne pas augmenter de plus de 10 % la charge hebdomadaire. Cette règle, bien connue en médecine du sport, limite les risques de rechute. Quant au terrain, évitez les descentes techniques dans les premières semaines, car elles sollicitent fortement les quadriceps et favorisent les douleurs articulaires, notamment en cas d’antécédent de blessure au genou.

Un retour intelligent passe aussi par une écoute fine des signaux du corps. La moindre douleur persistante, supérieure à 3/10 sur l’échelle EVA, doit amener à adapter la séance suivante. Repartir sur des bases solides, c’est avant tout accepter d’y aller étape par étape.

Intégrer le renforcement et l’entraînement croisé pour prévenir la rechute

Un programme de reprise efficace ne se limite pas à la course. Intégrer du renforcement musculaire et de l’entraînement croisé est indispensable pour restaurer l’équilibre musculaire, améliorer la stabilité articulaire et limiter les surcharges. Après une blessure, les déséquilibres posturaux ou de force sont fréquents. Ignorer ces faiblesses, c’est augmenter les risques de récidive.

Le renforcement doit cibler les groupes stratégiques : ischio-jambiers, quadriceps, fessiers et mollets. Deux séances hebdomadaires suffisent, avec des exercices simples comme le pont fessier, les fentes, les mollets sur une jambe ou le gainage planche. Ces mouvements doivent être exécutés en contrôle, en respectant la douleur, avec un objectif de 2 à 3 séries de 10 à 15 répétitions selon le niveau.

L’entraînement croisé, quant à lui, permet de maintenir la capacité cardiovasculaire sans impact. Le vélo, la natation, l’elliptique ou la marche rapide sont idéals. Une ou deux séances hebdomadaires, d’une durée de 45 minutes à 1 heure, permettent d’augmenter la charge globale tout en ménageant les articulations.

Ce travail parallèle est une garantie de progression durable. Il renforce les fondations, améliore l’économie de course, et protège contre les blessures récurrentes du trail.

Comment adapter la reprise si la blessure concernait le genou ?

Reprendre la course après une blessure au genou exige rigueur et prudence. Les structures sensibles comme le tendon rotulien ou la bandelette ilio-tibiale doivent être pleinement rétablies. Avant de relancer l’entraînement, vous devez pouvoir effectuer 20 squats, des fentes et 10 sauts sur une jambe sans douleur ni instabilité.

Évitez les descentes durant les 3 à 4 premières semaines, car elles augmentent la charge sur les quadriceps et l’articulation fémoro-patellaire. Optez plutôt pour un terrain plat ou légèrement montant.

Le renforcement ciblé reste indispensable : travail excentrique des quadriceps, ischio-jambiers et gainage latéral pour stabiliser le bassin. Une cadence de 170 à 180 pas/minute permet également de limiter les impacts.

Ne reprenez pas les terrains techniques tant que la confiance fonctionnelle n’est pas revenue. Mieux vaut avancer lentement que reculer longtemps.

Combien de temps faut-il pour retrouver son niveau après une blessure ?

Le délai de retour au niveau antérieur dépend de plusieurs facteurs : durée de l’arrêt, type de blessure, qualité de la rééducation et régularité à l’entraînement. Pour un arrêt de 4 à 6 semaines, il faut souvent prévoir 6 à 8 semaines de reprise structurée pour retrouver un niveau de confort physique. En cas d’interruption plus longue ou de blessure grave (entorse sévère, fracture de stress), ce délai peut s’étendre jusqu’à 3 mois ou plus.

La bonne nouvelle, c’est que le corps possède une mémoire musculaire. Les adaptations cardiovasculaires et neuromusculaires acquises ne disparaissent pas totalement. Avec un programme bien conduit, la progression peut être rapide à condition de ne pas précipiter les choses. L’augmentation du volume doit respecter la règle des 10 % maximum par semaine, et l’intensité ne doit revenir qu’après 3 à 4 semaines de course continue sans douleur.

cyril traileur

a propos de moi


Cyril est le fondateur de Pacing Trail et un passionné de trail running. Après avoir troqué l’asphalte des routes pour les sentiers escarpés des calanques de Marseille, j'ai découvert une passion profonde pour cette discipline qui allie dépassement de soi et communion avec la nature. Je partage mon expertise, mes tests d’équipements et mes conseils pour aider tous les coureurs, débutants ou expérimentés, à atteindre leurs objectifs.